Le souvenir de ce concert restera à jamais gravé dans ma mémoire , tant il fut intense de bout en bout .
En ce 29 octobre 1984 glacial ( il y avait encore des saisons en ce temps - là ) Iron Maiden fit une halte à Paris sous le modeste châpiteau de l' Espace Balard pour la tournée la plus monumentale que le groupe ait réalisée à savoir le World Slavery Tour . Cette tournée couvrit plus de 200 dates au terme duquel le combo sortit épuisé , harassé . Des rumeurs de split ont même circulé à l' époque .
Après une première partie assurée par Mötley Crüe qui assura un show sans surprises , le discours de Churchill se fit entendre pour annoncer l' entrée en scène du groupe . Aces high entama les hostilités . Le public déchaîné se déplaçait latéralement , ressemblant au mythique Kop de Liverpool des années 70 . Le combo s' embarque dans une interprétation hallucinante de 2 minutes to midnight . C'est à se demander si le groupe sera en mesure de tenir ce rythme infernal pendant près de 2 heures . Eh bien oui . Bruce annonce The Trooper interprété dans une ambiance de délire indescriptible . Le refrain contenant les célèbres AAHH , AHHH, AHHH se verra renforcé par un rôt biérisé du plus bel effet chez mon voisin de droite , laissant diffuser des effluves pour le moins odorantes . Y a des choses qui marquent .
On poursuit toujours dans le répertoire de Piece of mind puisque le groupe s' attèle à l' interprétation de Revelations . Ce soir - là , ce fut dantesque car Steve Harris , visiblement déchainé avec sa désormais basse bleue exhorte le public à headbanguer comme un seul homme , ce qui fut fait dans la minute qui suivit . Les crinières se balançaient de haut en bas , laissant ainsi échapper des milliers de goutellettes de sueur . Mais non , ce n'est pas sale !!!
L' enchainement avec Flight of Icarus ( premier single de Piece of mind ) fut imparable .
Bruce , dans un français quasi impeccable , exposa ses raisons pour lesquelles le groupe s' était attelé à composer le morceau qui allait suivre à savoir Rime of the Ancient Mariner ( l' histoire d' un albatros épris de liberté) . Ce titre éminemment long ( peut - être en est - ce la cause ? ) n'est plus interprété aujourd'hui , ce qui est fort dommage d' ailleurs .Le break ( passage inspiré d' un poème de Samuel Taylor Coleridge ) durant lequel Harris délivre ses accords que tout bassiste de hard - rock s' évertue à reproduire , fut ponctué d' un évènement particulièrement cocasse . En effet , les lumières s' éteignirent subitement , ce qui amplifia l' aspect mystérieux de ce morceau et de fines goutelettes de sueur commencèrent à nous tomber dessus . On se serait crû en pleine mousson asiatique !!!
Après ce long morceau qui fit état de la puissance vocale de Bruce , notamment sur le passage final , le groupe interpréta le seul instrumental du nouvel album à savoir Losfer words . Ce fut somme toute une version analogue à celle figurant sur l' album .
Ayant à coeur de défendre son nouvel album sur scène et plus particulièrement à Paris , où l' accueil s'est toujours révélé des plus chaleureux , le groupe se mit à jouer Powerslave dans une ambiance de feu .
Le morceau dévia ensuite sur un solo très inspiré de Dave Murray .
L' introduction ultra - célèbre de The number of the beast se fit entendre et à ce moment présent , le public devint FOU , une attitude comparable à celle du Kop du Liverpool F.C dans les années 70 .
A cet instant - là , les classiques s' enchainèrent au pied levé : Hallowed be thy name pour commencer dans une atmosphère limite orgiaque ( non , je plaisante ) où Bruce , en forme comme jamais réalisa une performance vocale remarquable puis 22 Acacia Avenue puis Iron Maiden , les 2 titres ayant été interprétés dans des versions magnifiques .
Le groupe prit congé pendant quelques minutes .
Bruce se chargea de présenter les membres dans une ambiance dont je vous laisse seuls juges puis nous gratifia du titre suprême de meilleur public du monde ( " Vous êtes les meilleurs ") Quel démagogue ce Bruce !!!
Run to the hills fut ensuite interprété avec maestria nous permettant de nous égosiller une fois de plus . Running free incita notre ami vocaliste à nous faire participer activement , ce que nous fîmes avec coeur . Le concert s' acheva sur une version somme toute assez classique de Sanctuary mais efficace clôturant un gig exceptionnel .Le bootleg The Power of Paris est là pour me le rappeler .